Forme Tour Indiana Interview after 65
August 15, 2021
Hommage à Pat Robert
March 9, 2022

Rien de comparable au Q-school!

La première chose que l’on remarque lorsqu’on arrive au champ de pratique de la première journée : le silence. Tout le monde semble retenir son souffle, tant les cadets que les joueurs. Il n’y a pas de salutations amicales ou de camaraderies sur le vert d’exercice. Selon moi, deux choses dominent l’environnement: la pression et la concentration. Pour ceux qui sont dans la fameuse « zone », ils sont dans le mouvement, dans le présent et dans le rythme de leur routine d’avant-match. Pour les autres, il y a de l’anxiété, de la peur et l’air semble pesant. J’ai vécu ces deux zones cette semaine.

C’était ma 3ème participation au Q-school du Korn Ferry et ma deuxième au 2ème tour. Plus tu avances dans les étapes du Q-school, plus tu te rapproches du but : le Korn Ferry. (Voir le bas du Blog pour en apprendre davantage sur le Q-school). Je sentais les enjeux du tournoi tant monétaires, psychologiques que physiques. À 5,500$ USD l’inscription, il était difficile de ne pas y penser. Je sentais que l’expression « chaque coup compte » (Every shot counts) portait tout son sens. Ceux qui disent que ce n’est qu’un tournoi comme les autres n’ont aucune idée de quoi ils parlent. Traitons-nous les séries éliminatoires pareillement de la saison régulière?

Le golf est un jeu de momentum, il faut surfer sur la vague le plus longtemps possible sans trop y penser. Toutefois, lorsque l’eau est calme, il faut être patient et attendre la prochaine vague. On ne peut pas forcer une vague de façon magique comme Brice de Nice… J’étais arrivé au Q-school optimiste, mais réaliste. Je ne surfais pas une belle vague comme au milieu de l’été.  Ma fin de saison sur le Forme Tour et mes deux tournois sur le Mackenzie Tour à Kelowna et à Victoria me laissaient insécures quant à mes chances. Pour ceux qui me connaissent, je ne partage pas cette insécurité à voix haute, je la camoufle et/ou évite d’en parler, comme plusieurs d’ailleurs.

Le tournoi commence sans histoire et lentement. Une première et une deuxième ronde comme ci comme ça. Par contre, tout changea au 17ème trou de ma 2ème ronde …Trou d’un coup! 173 verges, fer 8, merci bonsoir! Je sentais que le momentum revenait peut-être de mon côté. Il suffit parfois d’un seul coup pour changer l’issue d’un tournoi! J’ai dit à mon cadet Rob Bannon: « that’s what we needed! ». Un trou d’un coup est déjà très rare, en faire un au Q-school était la plus belle surprise!   

La 3ème ronde débuta lentement, mais un coup spectaculaire à mon 7ème trou me redonna de l’énergie. Un oiselet de la fausse de sable du mauvais côté du drapeau avec une pente descendante et abrupte sur le vert. J’ai évacué intensément un gros « fist pump ». Un coup qui aurait rendu Seve Ballesteros fier. Je complète le 1er neuf à -1, donc le sentiment d’urgence commence à m’envahir à mon arrivée sur le tertre de départ 10ème trou. Je sais que je dois faire quelque chose et rapidement car il ne me reste que 27 trous.

Ce n’est pas comme ça que le golf se joue par contre…

J’ai fait 6 bogueys consécutifs.

Je prends à cœur mon sport et mon travail donc lorsque je me suis sorti de la course sur le deuxième neuf de ma 3ème ronde, plusieurs émotions se sont emparées de moi. Mon processus de deuil était enclenché. C’était la réalisation que mes chances étaient anéanties : « Mais qu’est-ce qui vient de se passer? ». Un peu comme le Canadien de Montréal au 5ème match de la Finale de la Coupe Stanley, je continuais à me battre, mais dans mes pensées, je savais que je jouais mes derniers trous de la saison.

75-72-76.

Après trois parties sur ce terrain de 7,550 verges, le 22 Octobre 2021 allait être ma dernière partie compétitive de la saison. Même si le résultat n’était pas au rendez-vous, je ne voulais pas être défaitiste et blâmer qui ou quoi que ce soit. Je suis responsable de mes décisions et de mes résultats. J’ai fait de mon mieux pour me préparer aux conditions, au terrain et géré mes problèmes physiques, mais il reste beaucoup à apprendre.

Avant la quatrième ronde, je reçois un texto de ma copine me disant : « Fais-toi plaisir! ». La combinaison de son texto et de mon Animoji chantant « Baby Shark » m’a fait comprendre que je devais m’amuser! Au bout du compte, j’étais à Dothan en Alabama (la Capitale mondiale des Arachines), pourquoi ne profiterais-je pas du beau terrain Robert Trent Jones, de la belle température et de l’expérience? Qui sais-je, c’est peut-être la dernière fois que je serais à Dothan? Le Festival des Arachides se tient d’ailleurs du 5 au 12 Novembre, mais je ne pourrai pas être là malheureusement… Bref, mon cadet Benoit (qui a remplacé Rob après 2 rondes) et moi avions un mot en tête pour cette dernière partie : gratitude!

75-72-76-68.

Je me suis laissé aller, j’ai souri et j’ai baissé mes attentes. 68 sans boguey. Ce n’était pas si compliqué que ça malgré tout! J’ai senti que j’étais plus calme et plus en contrôle lors de cette dernière ronde. Quel bonheur de terminer avec une bonne partie, peu importe le résultat final du tournoi.

Je dois apprendre à jouer au golf sans penser au résultat, car celui-ci est hors de mon contrôle. La seule chose qui l’est : mon processus. J’ai de bons commanditaires, des entraineurs compétents, une famille généreuse et Golf Canada dans mon équipe, mais je dois apprendre à avoir plus de plaisir à jouer sans avoir la peur de décevoir mon équipe et surtout moi-même. Rester dans ma « Zone » sera mon plus grand objectif de 2022 et trouver les conditions qui me permettent d’y accéder.

Le Q-school est le meilleur apprentissage possible pour un golfeur. Il n’y a pas de cachettes. Tous les joueurs sont bons et tous ont le même objectif. Je suis humble dans cette expérience et j’accepte que j’aie du travail à faire tant mentalement, stratégiquement, physiquement que techniquement.

Thank you 2021, next.

PS : Merci à tous mes amis du Pinegrove, mes commanditaires (Groupe Biron, Groupe LSR GesDev, Groupe MCB, Levelwear, Hub1916, Maui Jim, Deloitte), ma famille, l’équipe canadienne jeune pro, mes coaches Daniel, Ben, Rob, Guillaume et Paul, et tous ceux qui m’aident d’une façon ou d’une autre dans mon aventure!

Qu’est-ce que le Q-school?

Les qualifications pour le circuit du Korn Ferry, communément appelé le Q-school, est le dernier tournoi d’envergure de l’année pour plusieurs joueurs professionnels. C’est la dernière chance de se tailler une place pour le circuit menant au PGA Tour. Il y a plusieurs Q-schools, celui du PGA TOUR Canada ou du Latino par exemples, mais celui offrant le plus de bénéfices est celui du Korn Ferry.

Il y a 3 étapes de 4 rondes pour atteindre le Korn Ferry. Certains doivent passer par les pré-qualifications (3 rondes) car ils n’ont pas les résultats pour accéder au premier tour directement. De plus, certains reçoivent des laissez-passer pour le premier tour ou le deuxième tour en raison de leurs résultats sur les différents circuits (PGA Tour Canada, PGA Tour Latino, Korn Ferry, PGA Tour China ou même leurs performances en tant qu’amateur).

Un top 25 sur l’ordre de mérite du Forme Tour (circuit de remplacement du PGA TOUR Canada cette année) m’a permis d’avoir un bye au premier tour. L’occasion de conserver mon énergie. Évidemment, le moins d’étapes à franchir, le meilleur sont les chances de réussir. Rares sont les histoires d’un joueur ayant passé de la première au top 40 de la dernière étape. Mon coéquipier Stuart McDonald sur l’équipe canadienne jeune pro a réussi l’exploit une fois, donc ce n’est pas impossible.

Le Q-school est également un des événements les plus équitables. Tous les joueurs ont 2 rondes de pratiques inclues, les temps de départ sont toujours entre 8 et 10 heures le matin, le terrain est fermé pour le public, il n’y a aucune prolongation dans le cas d’une égalité et environ 25% des joueurs se qualifient pour l’étape suivante. Bref, l’organisation est presqu’impeccable.

*Le Web.com a changé de nom pour le Korn Ferry en Juin 2019

Quelques statistiques du Q-school du Korn Ferry

  • Nombre total de joueurs qui participent à chaque étape approximativement :
    • 500 joueurs à la préqualification (7 sites)
    • 1,050 joueurs à la première étape (14 sites)
    • 370 joueurs à la deuxième étape (5 sites)
    • 138 joueurs à la dernière étape (1 site)
  • Les pourcentages approximatifs pour se qualifier pour le Korn Ferry :
    • 0.9% pour un joueur débutant à la préqualification
    • 2% pour un joueur débutant à la première étape
    • 7.2% pour un joueur débutant à la deuxième étape
    • 29% pour un joueur débutant à la dernière étape

Les Statistiques de l’année