La première chose que l’on remarque lorsqu’on arrive au champ de pratique de la première journée : le silence. Tout le monde semble retenir son souffle, tant les cadets que les joueurs. Il n’y a pas de salutations amicales ou de camaraderies sur le vert d’exercice. Selon moi, deux choses dominent l’environnement: la pression et la concentration. Pour ceux qui sont dans la fameuse « zone », ils sont dans le mouvement, dans le présent et dans le rythme de leur routine d’avant-match. Pour les autres, il y a de l’anxiété, de la peur et l’air semble pesant. J’ai vécu ces deux zones cette semaine.
C’était ma 3ème participation au Q-school du Korn Ferry et ma deuxième au 2ème tour. Plus tu avances dans les étapes du Q-school, plus tu te rapproches du but : le Korn Ferry. Je sentais les enjeux du tournoi tant monétaires, psychologiques que physiques. À 5,500$ USD l’inscription, il était difficile de ne pas y penser. Je sentais que l’expression « chaque coup compte » (Every shot counts) portait tout son sens. Ceux qui disent que ce n’est qu’un tournoi comme les autres n’ont aucune idée de quoi ils parlent. Traitons-nous les séries éliminatoires pareillement de la saison régulière?
Le golf est un jeu de momentum, il faut surfer sur la vague le plus longtemps possible sans trop y penser. Toutefois, lorsque l’eau est calme, il faut être patient et attendre la prochaine vague. On ne peut pas forcer une vague de façon magique comme Brice de Nice… J’étais arrivé au Q-school optimiste, mais réaliste. Je ne surfais pas une belle vague comme au milieu de l’été. Ma fin de saison sur le Forme Tour et mes deux tournois sur le Mackenzie Tour à Kelowna et à Victoria me laissaient insécures quant à mes chances. Pour ceux qui me connaissent, je ne partage pas cette insécurité à voix haute, je la camoufle et/ou évite d’en parler, comme plusieurs d’ailleurs.
Le tournoi commence sans histoire et lentement. Une première et une deuxième ronde comme ci comme ça. Par contre, tout changea au 17ème trou de ma 2ème ronde …Trou d’un coup! 173 verges, fer 8, merci bonsoir! Je sentais que le momentum revenait peut-être de mon côté. Il suffit parfois d’un seul coup pour changer l’issue d’un tournoi! J’ai dit à mon cadet Rob Bannon: « that’s what we needed! ». Un trou d’un coup est déjà très rare, en faire un au Q-school était la plus belle surprise!