Joey Savoie

Deep South: Louisiane et Géorgie

Deep South : Louisiane et Géorgie

Ce sont dans les États de Zachary Richard (Louisiane) et de Ray Charles (Géorgie) que j’entame mon aventure pour me qualifier pour des tournois du Korn Ferry, ceux-ci étant connus sous le nom de Monday Qualifier. Cela signifie de longs voyages en voiture ou en avion pour compétitionner dans des petites villes cachées de l’Amérique.

Je commence mon périple par une longue route de 13 heures de Jacksonville jusqu’à Alexandria en Louisiane où aura lieu mon premier tournoi. Ma copine ayant dû retournée au Québec poursuivre ses études et n’ayant pas d’autres compagnons pour faire le trajet, j’emprunte la voiture de mes amis les Bannon et je me rends seul là-bas! Le ‘’luxueux’’ hôtel Quality Inn de la ville m’attend. Le terrain Links on the Bayou est l’hôte du premier tournoi. Contrairement à ma vision de la Louisiane, climat chaud et tempéré, il fait surprenamment très froid au mois de Mars. J’entends déjà ma mère me dire : « Veux-tu revenir au Québec? Tu vas voir qu’ici il fait vraiment froid! » Bon point maman!

Bref, le gazon de type Bermuda est complètement jaune et il y a de la rosée au sol le matin. Bien évidemment, la tuque, les mitaines, les bas de compression chaud et les quelques épaisseurs de vêtements sont de mises. C’est un peu comme le golf de printemps au Québec.

Je joue ma ronde de pratique avec un homme visiblement coréen en raison de tous ces commanditaires typiquement associés aux athlètes de ce pays, principalement CJ Logistics. Bref, je m’attarde ni plus ni moins à mon partenaire de jeu. Toutefois, au trou #10 je lui demande candidement sur quel circuit il joue : ”I play on the Korn Ferry Tour, I am 10th alternate this week, so I need to qualify. I played on the PGA Tour 5 years before having a back surgery a few years ago.” Il s’appelle Whee Kim. Je n’ai évidemment pas réalisé que mon partenaire de jeu était un ancien joueur de la PGA avec plus de 5.5 millions de $ de gains et plusieurs top 10 à son actif … La preuve que ce sport est surprenant parfois. Rien de son jeu me semblait extraordinaire. Il a joué 72 le lendemain dans la qualification.

Mon départ est à 9 :20 am. Je commence en lion, comme mon signe du Zodiac. -4 après 7 trous. Un départ presque parfait. Après 2 pars consécutifs à mon huitième et neuvième trou. Je fais une erreur coûteuse au trou #1 (mon 10ème trou), je frappe un coup de fer 8 dans l’eau à la droite du vert. Dans une journée de sprint comme celle-ci, une balle à l’eau fait mal. Je réussis à faire un putt de 12 pieds pour sauver un boguey! -3 après 10 trous. Je ne réussis pas à créer de nouvelles opportunités en plus d’ajouter un autre boguey à ma carte de pointage. Je termine la partie avec deux oiselets pour un 68. Une belle ronde qui nous* laisse sur notre appétit. Un tournoi de 4 jours ne génère certainement pas ce sentiment de déception après une telle ronde. Un Monday Qualifier est un sprint, on* veut le plus d’oiselets possibles et les erreurs sont quadruplements coûteuses.

*J’aime écrire en utilisant le « nous » ou le « on » puisque malgré l’indépendance requise de mon sport, c’est un sport d’équipe! Tiger Woods à son intronisation au Temple de la Renommée l’a même souligné. Si Tiger le dit ça doit bien être vrai… sauf peut-être quand il dit à sa femme qu’il part une fin de semaine à Las Vegas en voyage d’affaire.

Le lendemain, je me dirige vers la Nouvelle-Orléans pour pratiquer au TPC Louisiana qui est l’hôte de la Classique Zurich. Le PGA Tour donne accès à plusieurs terrains TPC à travers les États-Unis pour les joueurs sur les circuits de développement (Korn Ferry, PGA Tour Canada et PGA Tour Latino), sauf TPC Sawgrass, TPC Las Vegas et TPC Scottsdale depuis 2022 (les 3 principaux). Arrivé sur les lieux, les gradins commencent à être installés et certaines zones de pratique sont fermées, signe que le tournoi arrive à grand pas (18 au 24 Avril). Raoul et Émile Ménard, deux joueurs du Pinegrove sont venus me rejoindre au TPC Louisiana pour une partie de golf. Raoul compétitionne professionnellement depuis plusieurs années et son frère le cadde à temps plein. Ils font un beau duo de frères tout comme Dustin et Austin Johnson. C’est en profitant de la journée sur ce terrain de la Louisiane que je dis à Raoul : « Ça serait dont le fun un duo du Pinegrove et du Québec au Zurich Classic ! » Pourquoi pas un jour?

Après visité Bourbon Street, le French Quarter et la rivière du Mississippi, il est temps de reprendre la route vers Alexandria pour la deuxième qualification. Pour ceux et celles voulant visiter la Nouvelle-Orléans un de ces quatre, soyez averti que la fête est continuelle, que ce soit un lundi après-midi ou un vendredi soir. Toutefois, je ne conseille pas plus de quelques jours sur les lieux pour un party bachelor/bachelorette et/ou pour visiter le centre-ville et les petits restaurants. Dans mon cas, un après-midi de marche était suffisant. La musique live en mangeant du catfish, crawfish et crevettes faisaient en sorte que je pouvais retirer un élément de ma bucket list.

Note : La musique est excellente, il y en a pour tous les styles (country, blues, rock, pop…)

Retourné à Alexandria, environ 3h30 au Nord de la Nouvelle-Orléans, je me prépare sur un autre terrain : OakWing. C’est au terrain que j’aperçois Josée Doyon, une golfeuse québécoise prometteuse. Une autre preuve que le monde du golf est petit. C’est en lui parlant que j’aperçois du bout de l’œil Ben Silverman. Ma première question fut : Qu’est-ce que Ben Silverman fait ici?

J’ai joué avec Ben à l’omnium canadien en 2019 au Hamilton Golf & CC, il avait joué 61 la deuxième ronde. Ce fut la meilleure ronde que j’aie vu de mes propres yeux à l’intérieur des cordes dans un tournoi d’envergure. Ce fut également la meilleure ronde de l’histoire par un canadien à l’omnium canadien. Ben Silverman est la preuve que le golf est un sport difficile et très compétitif, il continue son chemin tout comme je continue le mien.

Je termine avec 69 (-3) dans une journée venteuse en compagnie de Raoul Ménard. Le hasard a bien fait les choses, les deux seuls québécois de la qualification au même terrain dans le même groupe. Inutile de me rappeler de mon cours de statistiques avancés pour savoir que les probabilités étaient minces que nous jouions ensemble. Raoul termina à 71 (-1). Malheureusement, nous repartons les mains bredouilles.

Après cette ronde, je retourne à Jacksonville chez ma famille d’accueil. Un 13 heures de route que j’effectue en deux jours. La transition est rapide puisqu’il me reste 3 jours avant de partir pour Statesboro en Géorgie pour ma dernière qualification du Korn Ferry de 3 consécutives. Aussitôt arrivé, aussitôt reparti! 3 heures de route plus tard, je suis arrivé au Forest Height CC : « Georgia is on my mind ». Loin de la grande ville, le terrain est exceptionnel : long, verts rapides et ondulés ainsi que de grands pins font le charme du terrain. Un terrain qui pourrait accueillir un tournoi de la PGA Tour au milieu de la Géorgie, il n’y a qu’aux États-Unis que cela peut se produire. Il ne manque pas de beaux terrains de golf, parfois même aux endroits les plus inusités. Le meilleur exemple est le Augusta National! Un des plus beaux terrains au monde dans un racoin de l’Amérique.

Je garderai cela simple pour la description de cette partie. Disons simplement que ce ne fut pas ma meilleure performance : 74. J’ai commencé avec 3 chips qui sont revenus à mes pieds au premier trou de ma partie. L’architecte du terrain était certainement inspiré par Donald Ross et Pinehurst no.2 puisque j’ai eu « l’opportunité » de refaire le même chip 3 fois de suite… Le reste de ma partie était bien mais sans plus. Le golf reste du golf, ce n’est pas toujours notre journée!

C’est avec mon ami, un de mes entraineurs ainsi que mon hôte à Jacksonville que je joue la qualification : Rob Bannon. Rob me conseille sur le putting et la short-game depuis 1 an. Il a sa propre académie nommée TPG Golf à Jacksonville ce qui me permet de pratiquer pendant l’hiver. Rob est un ancien militaire de l’armée américaine. Il a été déployé à maintes reprises (en Irak et en Afghanistan, entre autres). Après sa prodigieuse carrière, il a décidé de devenir enseignant de golf. Il apprend vite et il est passionné.

Pendant l’hiver principalement, Rob est un ajout important à mon entraineur Daniel Langevin et Benoit Lemieux. Daniel est mon Jack Grout (entraineur de Jack Nicklaus), je valide mes processus avec lui afin de rester dans une ligne directive claire! Bref, j’ai une bonne équipe! Sans oublier ma copine, mes parents, mes commanditaires et l’équipe canadienne avec Derek Ingram.

Sur ce bon Masters!

Mon choix : Jon Rahm … mais rien ne me ferait plus plaisir que de voir le Tigre rugir!

PS : J’ai joué avec les joueurs suivants : Min Woo Lee, Matthew Wolf, Tom Hoge, Keita Nakajima (A) et Stewart Hagerstad (A) présents dans le tournoi.

Quelques apprentissages 

  • L’aventure du golf est un sacrifice. Il y a beaucoup de solitude sur la route! Merci au podcast, aux livres audios et à la musique country!
  • Je dois apprendre la performance sur demande. Un thème que ma copine, ancienne athlète de ski de bosses me martèle souvent! Une habileté que je développe en trouvant mes conditions à succès tranquillement et sûrement.
  • J’ai beaucoup de gratitude. Je suis chanceux de compétitionner contre des joueurs d’exception dans une jungle de lions affamés. Je compétitionne pour une cause honorable et je l’apprécie. Je suis également chanceux puisque quelques jours après mon passage en Louisiane, il y a eu des tornades qui ont ravagés des centaines de maison et d’édifices. Une autre preuve qu’un boguey n’est rien de grave comparé à la vraie souffrance de perdre son chez-soi, par exemple.